Un bébé peut en cacher un autre...

 

UN BÉBÉ PEUT EN CACHER UN AUTRE …

 

 

 

 

 

A notre retour, il me reste encore deux semaines de vacances. Nous les passons tranquillement à la maison, profitant de notre jardin, du soleil, de la mer… Nous n’avons pas encore annoncé à nos proches cette nouvelle grossesse.

 

Une nuit, je ne me sens pas bien. Je me lève pour aller aux toilettes, mais je ne fais que quelque pas avant de tomber inconsciente. La lumière et le bruit réveillent Patrick qui se lève. Il est effrayé de me découvrir inanimée dans la mezzanine.

- Martine ! Martine ! Qu’est ce que tu as ? Martine !

- J’ai envie de vomir…

- Viens, je vais t’aider.

Patrick me conduit en me soutenant jusqu’aux toilettes, où je vomis.

- Mal !

- Tu as mal ? Où as-tu mal ?

- Au ventre… j’ai très mal au ventre…

- Je t’installe sur le canapé et j’appelle le médecin !

 

- Allô ! Bonjour, vous êtes le médecin de garde ? Ma femme enceinte d’un mois et demi a très mal au ventre .Ayant des nausées, elle s’est levée et a voulu se rendre aux toilettes pour vomir mais elle s'est évanouie.

- A-t-elle repris connaissance ?

- Oui.

- Allez directement aux urgences où elle sera prise en charge rapidement.

 

Patrick, très en colère après le médecin de garde qui n’a pas voulu se déplacer et inquiet sur mon état de santé , me prend dans ses bras, dévale l’escalier et m’installe dans la voiture.

« Cela ne présage rien de bon pour Martine », pense-il

Je ne réagis pas dans la voiture. Patrick qui ordinairement est très respectueux des limitations de vitesse, fonce à vive allure dans la nuit pour m'emmener aux urgences, la peur le tenaillant…

 

A l’arrivée, il m’installe dans un fauteuil roulant et sonne aux urgences gynécologiques. Nous sommes tout de suite pris en main.

Parfois, on m’entend murmurer :

- …vomir…

 

Les sages- femmes m’allongent, je reçois des antalgiques pour calmer la douleur et des antiémétiques pour m’empêcher de vomir. Je me sens un peu mieux :

- Je crois que c’est foutu pour notre petit troisième, murmurai-je.

- Je le pense aussi, mais ce n’est pas grave. Ce qui importe, c’est que l’on s’occupe de toi.

 

Tous les deux, nous pensons à la même chose  : une grossesse extra-utérine. Le gynécologue de garde a été prévenu. En attendant qu’il arrive, une jeune interne commence l’échographie. Nous nous attendons au pire… Quelle n’est pas notre surprise à entendre :

- Il y a toujours une grossesse en cours. Regardez le cœur bat…

- Oh, c’est magnifique ! Nous qui croyons que …

- Ce n’est pas tout, il y en a même deux !

- Deux ! Exclamons nous en même temps.

- Vous en êtes sûre ?

- Oui, il n’y a aucun doute. Deux cœurs battent, il y a deux embryons.

 

Nous avions perdu tout espoir, et nous nous retrouvons avec deux bébés !

Nous sommes à peine remis de notre surprise, que le gynécologue de garde arrive. La jeune interne le met au courant de la situation :

- je vais examiner tout ça, la grossesse gémellaire et pourquoi vous avez tant de douleurs…

 

- En effet, l’activité cardiaque est bien présente.

Il reste silencieux…

- Vous voyez cet embryon…me dit-t-il en indiquant un point de l’écran

- Oui !

- Eh bien ! C’est un troisième embryon.

- Trois bébés ! C’est incroyable ! Il y a à peine une heure, nous pensions que tout était fini… s’exclame Patrick.

- Et nous nous retrouvons avec trois bébés ! C’est inimaginable ! Dis-je à mon tour.

- Ce n’est pas tout… Murmure le gynécologue… Il y a un quatrième et peut-être un cinquième…

- Ce n’est pas possible ! Mais il y en a combien ? Combien peut-il y en avoir encore ? Ce n’est pas dangereux ? Nous sommes abasourdis par ces annonces.

- Regardez, continue le gynécologue, j’ai réussi à visualiser les quatre ensemble. Il y en a bien quatre ! Quatre activités cardiaques. Peut-être un cinquième mais ce n’est pas certain. Mais ce qui est inquiétant et dangereux, c’est ce qu’il y a autour…

- Des kystes ?

- Oui, Des kystes qui se sont développés suite au déclenchement d’une hyper stimulation.

- Est-ce dangereux pour les bébés ? Qu’est ce qu’on peut faire ?

- Rien pour l’instant. Vous allez rester hospitalisée et allongée. Nous allons faire en sorte que vous n’ayez plus de douleurs, surveiller l’évolution des kystes et de la grossesse.